Les Etats-Unis, ça ne m’a jamais fait rêver. Que ce soit les grandes artères des villes-gratte-ciel, le midwest cowboy vulgaire ou encore les déserts ponctués de main streets creuses, je voyais surtout là-dedans les fantasmes d’européens en mal de supersize, de décors en carton-pâte et de toc cinématographique. Quelques années après avoir balayé ces a priori, je reste cependant satisfaite d’y voyager plutôt que d’y vivre. Alors me direz-vous, comment se fait-il qu’il y ait aujourd’hui plus de tampons américains dans mon passeport que dans ma salle de bains ? En 2015, mus par l’envie de voyager et la curiosité générée par cette ville superlative, mon ami François et moi décidons de visiter New York City. Hasard du calendrier, un de mes amis déménage aux Etats-Unis également, sur la côte ouest, à San Francisco. A la fin du mois de mars, et pour un prix ridicule alimentant parfaitement la surconsommation de vols transatlantiques, je m’envole pour cinq jours à NYC suivis d’une semaine en Californie.
Si le fameux rêve américain ne vient toujours pas chatouiller ma moëlle sceptique, j’ai mesuré l’intérêt de parcourir cet endroit-là du monde comme touriste. Hasard du calendrier de la vie, je rencontre un mec plutôt cool (spoiler, mon mari) et me mets début 2016 en couple avec ce français qui vit et travaille à NYC. C’est le début d’un ignoble bilan carbone et – entre autres – de beaucoup d’escales nord américaines.
“Ouais mais en vrai, ce sera juste une série de buildings, de bouffe grasse et de sirènes hurlantes, non ? On l’a trop vu dans les films on va être déçus.. En plus, c’est pas vraiment les Etats-Unis.”
On y va pour…
… Le voir de ses propres yeux ! Il est possible que la sensation d’être une chips dans une fourmilière vous assaille, mais en vrai de vrai, il y a bien trop à y faire, trop de variété pour que rien, vraiment rien ne vous interpelle. La bouffe, la culture, l’architecture, les parcs, les ferrys, les taxis, l’odeur de bretzel, les musées, le repérage de scène de films, les concerts, la scène de bars.. Y retourner c’est renouveler le plaisir.
“Je peux tout autant aller en Bretagne, cligner des yeux depuis une falaise en écoutant Maxime Le Forestier, il y aura moins de hippies, de pollution et de startuppers.”
On y va pour…
Prendre de la hauteur sur les nombreuses collines, marcher entre les maisons colorées, prendre des photos de lions de mer et du Golden Gate bridge, pique-niquer sur la plage avec de la weed légale, et en partir sur la route 101, en passant par des villes de surfers au volant d’une vieille Mustang.
“Un enfeeeeeeeer il FAUT absolument une voiture, c’est trop grand, c’est moche, c’est pour les ados sur TikTok, et à part faire de la muscu sur la plage on s’y ennuie ferme.”
Bon, c’est sûr que sans voiture il est compliqué de s’y déplacer tant la ville est gigantesque et peu fournie en transports en communs. Mais on y va pour… Le cinéma, la disparité des quartiers, faire du roller en mini short, écouter de l’opéra, se filmer en super8 dans des piscines de motel, grimper sur les collines et se sentir plus grand que la ville elle-même, manger mexicain, coréen, italien (manger manger manger), rester bloqué dans le trafic avec la FM à fond, mater du palmier, s’échapper dans les déserts avoisinant.
“Des moustiques, des marais et de la musique ? En mai il y a le festival de la Camargue, hein.”
On y va pour… Boire de l’alcool dans les rues – ce qui, contrairement à la quasi-totalité des Etats-Unis, est amplement toléré. Mais aussi : ne pas savoir quel brass band écouter, danser au son des trombones, enchaîner les plaisirs sucrés au café du monde, s’arrêter sur le bord du Mississippi, acheter un talisman, visiter les cimetières empreints de magie vaudous, manger TRES gras (et TRES délicieux), partir en pirogue dans le bayou, saluer des alligators, collectionner des colliers de carnaval et avoir chaud au début du printemps.
“Le QUOI ?”
On y va pour.. L’Amérique des fermiers bio, des produits “local & organic”, de la crème glacée Ben&Jerry’s, de la bière de microbrasserie, des weekends à la campagne à traîner avec des vieux livres, des balades dans des villes avec des maisons de brique rouge, des petits cafés mignons, la proximité depuis Montréal et les couleurs magnifiques en automne.
“Ah ouais comme dans l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux !”
J’avais en tête un endroit résolument raciste et bourré de suprémacistes blancs, mais pas que ! A ce jour un de mes voyages préférés. On y va pour… Cueillir des cerises par tonnes, murmurer à l’oreille des chevaux, faire de la randonnée spectaculaire, rencontrer des grizzlis, des chèvres, sentir l’odeur “montagne et fleurs sauvage” d’une bougie mais sans la bougie, dormir en chalet sans électricité, sans eau courante, rester muet devant l’étendue carte postale des rocheuses.
“Des déserts qui se ressemblent et de la bouffe grasse entre-temps, non ?”
On y va pour.. Se lever tôt et conduire sur des routes vides et droites, s’arrêter dans des diners clichés, marcher avec les chipmunks dans des galeries millénaires creusées par le vent dans le roc rouge, se faire arrêter par les flics sur la route, lire des romans inspirants dans une tente avec vue sur le canyon, mais éviter de passer trop de temps à Las Vegas si on n’est pas très attiré par la décadence climatisée en milieu désertique.
“Beaufland ouais ? Les immeubles sur la plage je vois pas l’intérêt, désolé, je fais pas de télé-réalité.”
On y va pour.. La chaleur en hiver, la bouffe cubaine, les jardins botaniques, le south beach art déco, la plage, Wynwood et les murs graffés, les Everglades avoisinants, les reptiles à l’état sauvage, les Keys, notamment Key West, la maison d’Hemingway, les cigares cubains qu’on fume sur le bord des piscines dans des auberges colorées, et les couchers de soleil après la baignade pas loin des coraux.
“Il y a quoi à y faire en vrai ?”
On y va pour.. Se prendre une bouffée d’histoire américaine moderne, manger du homard (surtout des lobster rolls..!), lire sur les campus des plus grosses universités, flâner entre les maisons de brique dans la petite italie, s’échapper dans la baie politique de Cape Cod, les langues de plage, voir des baleines, deviner des requins au milieu des vagues et se perdre dans les musées de qualité.
En bref
On y va vraiment pour ce qu’on veut, là-bas comme ailleurs. Vivant à Montréal, il est certes plus facile d’accéder au territoire US que depuis l’Europe. Si j’ai la chance de pouvoir voyager fréquemment, il n’est pas moins cool d’explorer les gemmes autour de chez soi ! L’occasion fait le larron 🙂
Si je devais faire un article plus poussé sur un endroit que je viens de mentionner, lequel vous intéresserait le plus ?
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