

Je me souviens qu’en cours de radiothérapie à l’école, on étudiait les facteurs de risque des cancers traités via cette méthode. Notamment le cancer du sein. Un des facteurs de risques principaux noté sur la petite fiche associée était “alcool mondain”. Le terme “mondain” m’avait paru cocasse. Mondain comme une réunion de Mâdâme l’Ambassadeur ? Avec rangs de perle, rangs de dirigeants mondiaux, rangs de petits fours et abus de coupes de champagne ? Et au milieu de tout ça des petits cancers qui se logent dans les fonds de bouteille, prêts à coloniser les nichons de toutes ces personnes de gotha variable ? [même ces messieurs hein, 2% des cancers du sein sont des cancers masculins] [putain le patriarcat c’est relou, ça s’infiltre partout]
Me voilà rassurée, pas trop de risques en étant manip à l’APHP d’être invitée aux réunions présidentielles et de me faire pousser sous le téton un méchant crabe rongeur tout mondain. Plus sérieusement, mondain, c’est surtout social, et c’est de ce type de consommation d’alcool au sujet duquel je souhaite bavasser aujourd’hui.
Je suis la première à me réjouir d’un verre partagé avec des copains en terrasse, autour du sacro-saint apéro, ou bien avec mon amoureux – une petite bouteille avec un repas qu’il prépare. Le moment est appréciable. Les facteurs de plaisir imbriqués entre eux provoquent très certainement un schéma de bien-être reproductible au moyen de : bouffe + gens qu’on aime + petit(s) verre(s) qui passe bien + discussions animées. Il est alors naturel d’associer un ballon de Hautes Côtes de Nuit à un moment de qualité, et pourquoi pas allons-y franchement le champagne au bonheur.
A Montréal, les beaux jours sont ENFIN arrivés, et les verres de vin “pour faire passer la rigueur de l’hiver” ont laissé place aux cocktails “pour célébrer le retour des shorts”. Ainsi, il n’est pas rare de devoir chercher dans la mémoire limbique des temps préhistoriques pour trouver UN JOUR où l’on n’a pas ne serait-ce que trempé le bout des lèvres dans une mousse fine de bière blonde. Le constat est flippant. Parce que l’on reste dans les limites (non absolues et à adapter au cas par cas) de l’OMS sur la consommation d’alcool hebdomadaire (14 verres pour une femme) et qu’on se dit laaaarge, on n’en est pas moins à risque pour l’addiction, pour des maladies, pour des troubles du sommeil. Et bien sûr, on ne parle pas des soirées riches qui se terminent en lendemain où l’on transpire de la tise et où la barre dans le front est devenu un poteau. On parle juste de la consommation sociale, perçue comme normale, banale.
Pas question de faire l’impasse sur ces moments particuliers de joie et d’ivresse légère, ni même sur les franches nuits bourrées de cocktails de qualité (en revanche j’ai cessé de faire pipi entre les voitures depuis bien longtemps), néanmoins – et je tiens à rendre à César – ou plutôt Guillaume – la palme de la prise de conscience, néanmoins disais-je, rendre ces moments plus cool par leur caractère un tantinet plus exceptionnel me paraît être une alternative saine. Il s’agit donc de développer des trésors d’imagination afin de rendre un Perrier rondelle excitant ou bien de se réjouir d’un jus de pomme de petit producteur indépendant. Mais tout ceci est loin d’être l’étape la plus compliquée ! Car dans alcool social, il y a social, et donc répondre à cette mini pression sociale. Devenir “pas fun”, “trentenaire” ou encore de manière très classique “enceinte”. Soit on assume et on prend le temps d’expliquer cette petite démarche, soit on se cache derrière un “je prends des antibios en ce moment”, soit on décide que ce sera la soirée du relâchement, qu’il faut éééééévidemment s’autoriser !
Faites bien ce que vous voulez, perso j’adore le Perrier, je boirai avec vous en France la semaine prochaine 🙂
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